Le 27 Juillet dernier, le gouvernement a présenté son plan de relance du transport de fret ferroviaire. L’objectif de ce plan de relance est de supprimer 20 000 poids lourds sur les routes en 2021 soit 425 000 tonnes d’émissions de C02 en moins. Faisons le point sur ses problématiques, les solutions pour le relancer et les premières mesures annoncées par le gouvernement pour le soutenir à plus ou moins long terme.
En 2017, le ferroviaire représentait 9,6% du transport terrestre de marchandises, en dessous de la moyenne européenne. Rappelons qu’il représentait quand même 46% en 1974! En 2019, le nombre de trains à circuler était en légère baisse alors que le tonnage moyen transporté était en hausse. Moins de trains ont circulé mais ils étaient plus remplis.
Les principales marchandises transportées sont les matières premières et les matériaux de base (minerais, produits d'extraction, produits métalliques etc...). Il y a aussi les produits issus de la pétrochimie. Le ferroviaire est très peu utilisé pour les produits manufacturés.
Le marché du fret ferroviaire est très concentré comparé à celui du transport routier avec seulement 10 opérateurs effectuant 99% des trains.km en 2018. L’opérateur historique Fret SNCF est leader sans surprise avec 58% du marché. Dans les autres acteurs du marché on trouve par exemple Euro Cargo Rail (13% de part de marché) et VFLI (12%).
En France, en 2018, 58% du réseau ferroviaire français supportait 99% du trafic. Cela montre bien la présence de quelques axes majeurs appelés corridors européens et la multitude de voies secondaires où seulement quelques trains circulent quotidiennement.
Il existe aujourd'hui 3 corridors européens:
On distingue deux types de transport ferroviaire: le mode conventionnel et le combiné rail-route.
Ce dernier, souvent considéré comme un mode de transport à part entière, représente environ 20% du fret ferroviaire. Son attrait s’est particulièrement renforcé avec la pénurie grandissante de chauffeurs entraînant un report sur le transport ferroviaire pour les longues distances. Il offre la flexibilité du routier sur les premiers et derniers kilomètres et les avantages du ferroviaire sur les longues distances, sans rupture de charge.
Selon le baromètre 2020 des perceptions des chargeurs sur le ferroviaire et le combiné, 42% des chargeurs considèrent que le combiné correspond à leurs besoins par rapport à 24% pour le ferroviaire conventionnel. Pour 85% des chargeurs, le combiné est considéré comme la meilleure solution en cas de report modal.
Le fret ferroviaire a récemment démontré son utilité lors de la crise sanitaire en réussissant à maintenir son activité et en permettant d’acheminer de nombreux biens de consommation.
Le transport combiné rail-route avait en effet atteint un taux de service de 98% pendant le confinement pour compenser la baisse de capacité du fret routier lié à la pénurie de chauffeurs.
Selon le baromètre 2020 de la perception des chargeurs sur le ferroviaire et combiné, les motivations en cas de report modal vers le ferroviaire sont dans l’ordre:
L’aspect environnemental a donc bien progressé par rapport à l’année dernière. De nombreuses entreprises s’appuient en effet sur ce mode de transport massifié et décarboné pour réduire leur impact sur l’environnement sur les grandes distances.
Le ferroviaire a subi en 2019 une dégradation nette de son indicateur de satisfaction client, passant de 61% de chargeurs satisfaits à 24% pour le mode conventionnel et de 68% à 42% pour le combiné rail-route.
La raison principale: les mouvements sociaux. En 2019, seulement 52% des circulations prévues avaient été réalisées. Cette perte d’activité s’est bien évidemment faite au profit du transport routier.
Le transport ferroviaire est également pénalisé par :
L'objectif en France est d'accroître la part du transport ferroviaire à 18% du transport de marchandises d’ici 2030 (9,6% en 2017). Les axes d’améliorations sont multiples mais demandent beaucoup d’investissement. Le rapport récent remis au gouvernement par l’Alliance 4F (Fret Ferroviaire Français du Futur), estimait le besoin d'investissement à 15 Milliards d'€. L'Alliance 4F lancée le 8 Juin dernier pour réfléchir à un plan de relance du ferroviaire français regroupe l'ensemble des acteurs du transport de fret ferroviaire français.
Les nouvelles plateformes de pilotage transport disponibles sur le marché sont des outils permettant d’avoir une meilleure visibilité sur les flux et d’anticiper les retards. La majorité des retards dans le fret ferroviaire sont en effet des retards au départ. Le client peut ainsi être informé rapidement du retard du convoi. Par ailleurs, elles permettent de faciliter la gestion opérationnelle de ses flux transport et de rendre plus accessibles ces modes de transport moins utilisés. Certaines entreprises comme Faguo pilotent déjà leur transport ferroviaire sur Shiptify.
“Dès la création de Faguo, nous étions soucieux de notre empreinte carbone. Le train était donc une évidence pour nos flux Import.”
Nicolas Rohr, co-fondateur @Faguo
Par exemple, le remplacement des wagons frigorifiques – un outil obsolète selon la SNCF – par des containers réfrigérés transportables par route comme par rail offrant une souplesse plus grande pour un investissement moins élevé.
L’automatisation des trains a de nombreux avantages comme la possibilité de réduire l’impact des mouvements sociaux sur le fret ferroviaire. Alstom par exemple commencera en 2021 ses premiers essais de conduite automatique. Le niveau d’automatisation expérimenté implique un démarrage et un arrêt entièrement automatiques. L’automatisation est l’une des clefs pour améliorer la rentabilité de l’exploitation ferroviaire, augmenter la capacité, offrir une plus grande flexibilité opérationnelle et réduire les retards.
Cela passe par la rénovation des voies mais aussi des gares de triage. Il serait également nécéssaire d'augmenter le nombre de plateformes de transport combiné de 35 aujourd’hui à 50 afin de développer le transport combiné rail-route, fort levier de croissance pour les chargeurs.
Réduire le coût d’entretien des voies est capital. Particulièrement celui des voies capillaires du réseau secondaire majoritairement empruntées par le transport de fret. Cela permettra d’améliorer la rentabilité de l’exploitation ferroviaire et de mettre à fin à l’érosion du réseau. Cela permettra également d'augmenter l’offre de desserte pour les chargeurs.
La solution c’est donc l’Innovation !
Le projet du Ferrocampus à Saintes est un bon exemple de cette volonté d’innover dans le transport ferroviaire. Ce site dont l’ouverture est prévue pour 2024-2025 regroupera l’ensemble des acteurs de la filière ferroviaire dans le but de développer les nouvelles technologies dans les domaines de la digitalisation, de la coopération, de l’automatisation et de la rénovation des voies.
En attendant, suite à la remise du rapport de l’Alliance 4F, Jean Castex a dévoilé fin Juillet les premières mesures du plan de relance du fret ferroviaire particulièrement plébiscité pendant la crise sanitaire.
Par ailleurs, le Premier Ministre Jean Castex a évoqué sa volonté de développer le transport combiné rail-route en restructurant la gestion du fret ferroviaire et en améliorant sa compétitivité.
Malgré les difficultés, le transport ferroviaire reste un mode de transport intéressant pour les entreprises puisque 43% des chargeurs prévoient une augmentation du volume de marchandise transporté en combiné d‘ici 2 à 3 ans et 38% en mode conventionnel. Le ferroviaire est un levier important pour les entreprises cherchant aujourd’hui à repenser leur transport. Il permet de répondre aux contraintes d’impact environnemental et économiques sur les longues distances. L’objectif de doublement de l’activité d’ici 2030 est tout à fait atteignable, d’autant plus que le ferroviaire devient une priorité du gouvernement.