Madrid creuse l’avenir du last mile… en métro
Imaginez un instant : aujourd'hui la logistique du dernier kilomètre jongle avec les besoins économiques, les défis écologiques et la pression urbaine. Alors nos amis espagnols ont eu une idée en redonnant vie à l'infrastructure connue de tous : le métro. Et si les tunnels que nous empruntons chaque jour devenaient le réseau souterrain idéal pour nos colis ?
Sommaire
Sous nos pieds, un potentiel logistique inexploité
Le projet « Última Milla » développé par Metro de Madrid s’attaque à un paradoxe : alors que les rues saturent sous les camionnettes de livraison, le métro circule souvent vide avant l'arrivée des premiers passagers. Alors pourquoi ne pas utiliser ces moments pour transporter des colis ?
En pratique, des chariots remplis de colis sont chargés dans les premières rames du matin, en direction de stations équipées de consignes automatiques. Une fois déposés, les clients reçoivent un QR code pour récupérer leur commande, comme dans un point relais... mais version souterraine.
Premiers résultats : une logistique qui roule
Le test grandeur nature mené sur la ligne 12 (une boucle desservant la banlieue sud) a donné des chiffres parlants : 26 000 colis transportés, avec une cadence d’environ 700 colis par jour entre 7h et 8h. Une seconde expérimentation est en cours sur la ligne 3, signe que le modèle semble tenir ses promesses.
Côté infrastructure, tout a été pensé pour intégrer cette activité sans gêner les voyageurs : créneaux horaires réservés, une équipe logistique dédiée, et des systèmes de casiers automatisés déjà testés dans d’autres villes.
Des défis de taille à résoudre
Si l’initiative est prometteuse, elle ne se fera pas sans frictions. Plusieurs questions s'imposent naturellement :
- Le premier point à aborder : comment faire en sorte que tout fonctionne harmonieusement avec les systèmes de livraison traditionnels ?
- Comment relier efficacement les entrepôts en périphérie aux hubs du métro ?
- Peut-être qu'une collaboration entre différents transporteurs pourrait être la solution ?
- Et qui s'occupera du "dernier mètre", de la rame jusqu'au casier ?
Viennent ensuite les questions liées à la sécurité (pensez aux colis dans des lieux publics), de fiabilité technique des consignes, et bien sûr, de la rentabilité d'un modèle qui est encore en phase de test.
Un modèle duplicable ?
Financé en partie par le programme européen « For Freight », ce projet attire déjà les regards au-delà de l’Espagne. Des métropoles comme New Delhi, Berlin ou Paris suivent de près l’initiative madrilène. Le potentiel est là : les infrastructures sont prêtes, les habitudes sont en place, et les pressions sur les livraisons urbaines ne feront que croître.
Bien sûr, chaque ville a ses propres petites particularités techniques et réglementaires, donc ça ne se fera pas du jour au lendemain. Mais pour l'instant, Madrid joue les éclaireurs avec brio !
Une pièce de plus dans le puzzle de la logistique verte
Ce projet s'inscrit dans une belle dynamique : celle de mélanger les modèles de logistique urbaine. Livraison par vélo cargo (à l’image du CityTemp XL12 pour les produits frais), développement des micro-hubs, véhicules à faibles émissions… Autant d’initiatives qui, combinées, redessinent les contours de la livraison urbaine.
Et le métro, avec sa ponctualité, sa grande capacité et son réseau bien maillé, pourrait bien être le partenaire idéal pour alléger nos centres-villes et diminuer l'empreinte écologique du e-commerce.

Video @Euronews.
Conclusion : une voie souterraine à explorer
Le projet « Última Milla » ne résoudra pas à lui seul les enjeux logistiques des grandes villes, mais il a le mérite d’élargir le champ des possibles. À l’heure où chaque mètre carré compte, repenser les usages d’un réseau aussi essentiel que le métro est une idée brillante et pleine de bon sens.
Reste à voir si cette voie souterraine saura trouvera son modèle économique et inspirera d'autres capitales à sortir, ou plutôt à descendre, des sentiers battus.